Comment développer l’export des tissus africains ?

Les tissus africains jouissent depuis une vingtaine d’années d’une renaissance et d’une reconnaissance par la haute couture. Regroupés en coopératives, les tisserands africains travaillent sur des métiers à tisser traditionnels dans leurs villages. Développer l’export des tissus africains est possible, à condition de doter les artisans d’outils numériques de gestion. Avec son application Rubize, Benoo apporte une plus-value aux coopératives de tisserands souhaitant exporter.

Les tissus africains inspirent la haute-couture parisienne

A Paris, pendant le défilé haute-couture automne-hiver 2020, une mannequin défile en mini-robe en tissu kente traditionnel du Ghana, une autre en pantalon et top en tissage mandjaque du nord-Sénégal, une autre en robe bustier inspirée par les techniques d’appliqués du Ghana et du Bénin. C’est la première fois qu’un styliste d’Afrique sub-saharienne, Imane Ayissi, entre dans la cour très fermée de la haute-couture parisienne. Anecdotique ? Pas tant que ça.

Depuis la fin du XXe siècle, les tissus traditionnels africains sont revalorisés par les stylistes africains, mais aussi européens et américains. En 2020, la maison Dior a consacré un défilé entier, le défilé Croisière Dior 2020, en hommage aux étoffes africaines.

Kenté du Ghana, faso dan fani du Burkina Faso, bogolan du Mali, ndop du Cameroun, etc. Chaque région confectionne ses propres étoffes et ses propres motifs qui racontent une histoire.-

Des initiatives locales pour encourager l’emploi des tissus africains

Au Burkina Faso, plusieurs initiatives du ministère de la Culture et de la Communication (Concours de la meilleure étoffe le 8 mars 1996 pour la Journée de la femme, salon « Fibres et matières d’Afrique, pour une mode équitable », etc.) permettent au faso dan fani, le tissu traditionnel des Mossis, de renaître avec plus de qualité et de créativité, sous l’impulsion de créateurs africains.

Ainsi Pathé Ouedraogo, créateur d’origine burkinabè, basé à Abidjan, a beaucoup œuvré pour que les cols blancs africains portent des vêtements en tissu traditionnel africain, et non plus des tenues occidentales inadaptées au climat local.

Le tourisme local a été pendant longtemps un bon débouché pour les tissus africains. Les crises politiques successives et la montée de l’islamisme dans la région y ont mis fin.

Une offre informelle à faible valeur ajoutée

Le Burkina Faso est un des principaux pays producteurs de coton en Afrique, mais il en exporte plus de 95 % à l’état brut. La perspective d’accroître la valeur ajoutée de cette matière première passe donc par le développement de filatures et la promotion du travail des artisans.

Il existe une trentaine d’organisations de tisserands au pays des hommes intègres : 50 000 tisserands (40 000 femmes et 10 000 hommes) et 2 700 teinturiers dont 1 500 femmes. La plupart sont soit organisés en coopératives, soit travaillent de manière informelle. L’ensemble de l’offre proposée est dispersée, informelle, peu diversifiée et mise en valeur.

« Très rares sont les artisans qui travaillent à enrichir ce savoir-faire ancestral. Peu de moyens ont été investis pour innover dans ce domaine. En conséquence, on trouve sur le marché une grande quantité de produits milieu de gamme que les producteurs ont du mal à écouler. »

Elisabeth Delma, fondatrice du centre ADAJA à Ouagadougou (Burkina Faso)

Le haut de gamme : un levier pour l’export des tissus africains

La clé pour développer le secteur du tissage et des teintures traditionnels en Afrique est l’export à l’international, à condition de proposer de la qualité et de l’innovation.

De nombreuses coopératives de tisserands travaillent déjà avec des clients étrangers. Ainsi l’UGAN (Union des Groupements des Artisans du Nord), à Khorogho dans le Nord de la Côte d’Ivoire, travaille en partenariat avec Artisans du Monde, une association française de commerce équitable.

Présentation des coopératives d’artisans en Côte d’Ivoire

Le centre ADAJA, à Ouagadougou au Burkina Faso, a développé la marque Faso Danfani, une marque haut de gamme de tissus dan fani, réalisé à partir de coton burkinabé filé à la main. Sa fondatrice Elisabeth Delma a enrichi les techniques ancestrales en améliorant constamment ses métiers à tisser.

ADAJA travaille notamment avec la marque de chaussures Umoja Shoes, fondée par deux amis brestois, originaires d’Afrique, qui confectionnent des tennis avec des tissus traditionnels africains. Grâce à son travail de qualité, ADAJA peut vendre à des prix 10 % plus élevés que ses concurrents.

Besoin d’applications numériques pour exporter

Vendre à l’export requiert des outils numériques de communication et de gestion. Internet est indispensable pour communiquer. Or dans les petits villages reculés d’artisans, la connexion est souvent inexistante.

Benoo a donc imaginé une application mobile baptisée Rubize qui fonctionne aussi hors connexion, afin de s’adapter au manque de connexion Internet dans les villages situés en zones blanches.

L’application Rubize permet aux artisans indépendants et aux coopératives de gérer leur catalogue de produits, d’enregistrer leurs commandes, de gérer leur flux, suivre les paiements, etc. Bref, de mieux gérer leur activité et d’augmenter leurs revenus.

Les micro-entrepreneurs qui utilisent déjà l’application Rubize de Benoo ont multiplié jusqu’à trois leur chiffre d’affaires. Les unions de coopératives, comme l’UGAN, peuvent mettre à disposition de leurs coopératives adhérentes dispersées dans les villages cette application numérique pour mieux gérer l’activité commerciale.

Les métiers du tissage et de la couture, leviers d’autonomisation des femmes

La raison d’être de Benoo est le développement économique des zones rurales en Afrique, en apportant notamment des outils numériques aux petits entrepreneurs.

Le filage du coton, le tissage, la teinture et la couture sont des alternatives de lutte contre la pauvreté. Ces activités, le plus souvent informelles, génèrent des revenus faibles qui permettent de payer les besoins en consommation.

Ces métiers de plus en plus valorisés à l’étranger sont aussi une opportunité d’autonomisation plus grande pour les femmes (Article : Comment développer le potentiel des femmes entrepreneures en Afrique de l’Ouest) à condition de formaliser davantage l’activité.

L’empowerment des femmes passe, comme toujours, par la formation. Dans la capitale burkinabé, le centre ADAJA forme chaque année une quarantaine de femmes. Elles obtiennent ensuite un emploi décent en tant que tisserandes. Chaque apprentie apprend à construire son projet professionnel et à gagner en confiance. A l’issue de la formation, les femmes peuvent décider de démarrer leur propre activité de tissage, de rejoindre une coopérative d’artisans ou de continuer à travailler pour ADAJA. Ainsi, beaucoup de femmes et leurs familles sortent de l’extrême pauvreté grâce au tissage.

 

En savoir plus sur les applications numériques développées par Benoo.

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