La culture du riz en Afrique : une filière fragile à fort potentiel

La culture du riz en Afrique de l’Ouest est confrontée à des problématiques de financement, à la concurrence des riz importés, aux difficultés d’accès à l’énergie en zone rurale, etc. Entretien avec Komi Abitor, directeur général d’ETD (Entreprises Territoires et Développement), une ONG togolaise qui soutient les entreprises de transformation de produits agricoles. Objectif : comprendre les besoins des petits producteurs de riz et les apports bénéfiques de Benoo en termes d’énergie et de solutions numériques.

La consommation quotidienne de riz en Afrique est en constante augmentation. La production locale ne satisfait pas cette demande croissante. De grandes quantités de riz sont donc importées et font concurrence au riz africain, souvent plus cher que le riz importé.

« Pour les pays de la région d’Afrique de l’Ouest, la réalisation de l’autosuffisance alimentaire est non seulement une question de sécurité alimentaire nationale, mais cela aura aussi un impact assez important sur la balance des importations et le commerce d’exportation, la création d’emplois en milieu rural, et c’est également un objectif principal pour parvenir à un développement économique durable. »

Waystocap, une plate-forme d’importateurs-exportateurs en Afrique

L’objectif est donc de développer une filière riz en Afrique de l’Ouest une filière riz efficiente à des prix concurrençant les riz d’importation. Selon l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement), l’Afrique « a le potentiel de devenir le plus gros producteur de riz du monde », car il reste beaucoup de terres disponibles à la culture.

L’ONG togolaise ETD (Entreprises Territoires et Développement) intervient dans le soutien aux petites entreprises rurales de transformation de produits agricoles (riz et soja). Nous avons interrogé son directeur général, Komi Abitor.

Interview de Komi Abitor, directeur d’ETD, publiée sur la chaîne Youtube de Communication CFSI

Benoo : vous avez créé une entreprise de services pour la filière riz au Togo. Quel est son rôle ?

Komi Abitor : l’agriculture constitue un pilier important de l’économie des pays africains et de celle du Bénin et du Togo en particulier. ETD s’y est implantée depuis plus d’une quinzaine d’années et développe une approche entrepreneuriale innovante appelée ESOP (Entreprise de Service et Organisation de Producteurs).

Pour promouvoir les chaînes de valeur agroalimentaires au Togo, les ESOP mettent en place des contrats de production et de vente, une gouvernance participative et la promotion de produits locaux sous des marques protégées. Les ESOP associent ainsi « utilité sociale » et « rentabilité économique ».

Sur le riz en particulier, nous avons créé un réseau de 10 ESOP au Togo pour augmenter et sécuriser le revenu des petit.e.s producteurs.rices de riz. Leur rôle est d’organiser la production de riz, de la collecter, de la transformer et de la mettre sur le marché de Lomé, capitale du Togo, et des villes secondaires sous la marque DELICE.

Les ESOP signent donc des contrats d’achat avec les producteurs en début de campagne et rachètent la production à la récolte au prix juste. L’ESOP se charge ensuite de transformer la matière première ainsi collectée et de la conditionner. Enfin, elle commercialise le riz blanc sous la marque DELICE.

Quelles sont les problématiques de la production du riz au Togo ?

Les problématiques de la filière riz au Togo sont :

  • L’accès des producteurs aux intrants de qualité et à date.
  • Le financement des PME spécialisées dans la transformation du riz. Le poids du crédit octroyé par les banques commerciales et les institutions de microfinance représente un facteur limitant la croissance de ces PME.
  • Les mécanismes de financement ne sont pas adaptés aux capacités de remboursement des acteurs de la filière.
  • Les capacités de production des acteurs locaux restent encore faibles, ce qui les limite dans leur capacité à répondre à la demande de plus en plus croissante du marché.
  • La concurrence déloyale du riz importé et du riz japonais au niveau des prix.
  • Les questions liées à l’accès à l’énergie en milieu rural, nécessaire pour l’irrigation des parcelles de production, les petits équipements de traitement post-récolte, la transformation, etc.
  • La digitalisation pour un meilleur suivi de la production et la gestion des flux de matière et la gestion de trésorerie.

Quelles seraient les améliorations à apporter à la culture du riz en Afrique, en particulier au Togo ?

Les améliorations qui permettraient une meilleure production à un bon prix seraient :

  • La maîtrise d’eau sur les parcelles de production.
  • La sécurisation de l’accès aux intrants et aux débouchés pour les producteurs.
  • Le financement des PME installées autour de la filière et qui agrègent les producteurs.
  • L’amélioration des conditions de mise sur le marché avec plus de facilité à exporter vers les pays de la sous-région, tels que le Nigeria, gros consommateur de riz.

Que vous apporte Benoo pour améliorer la production de riz au Togo ?

L’autonomie énergétique permettra d’améliorer les performances des entreprises et surtout la compétitivité du riz togolais DELICE par rapport au riz importé.

Les entreprises en milieu rural ont accès à une énergie de mauvaise qualité (instabilité et coupures de courant). En améliorant la qualité de cette énergie et en accordant une autonomie énergétique, ce sera bénéfique pour toute la filière.

Pour les producteurs, des modèles d’utilisation d’énergie renouvelable pour gérer l’eau sur les parcelles rizicoles sont testés dans certaines zones du pays (savanes). Les solutions énergétiques développées par Benoo aident les producteurs à maîtriser l’eau qui constitue aujourd’hui un facteur limitant la production.

Par ailleurs, les solutions numériques imaginées par Benoo permettent de constituer une base de données fiable sur la production (coopératives de producteurs, superficies emblavées, genre, tailles, rendements obtenus, etc.) pour mieux connaître et suivre le réseau de producteurs. Cela donne un avantage comparatif pour mieux travailler avec des acteurs comme les banques commerciales, les institutions de microfinance, mais aussi et surtout garantir la traçabilité dans le cadre des échanges commerciaux à l’export et même avec des agro-industries.

Benoo apporte donc une contribution notoire d’un point de vue énergétique et numérique à la filière riz au Togo.

 

Si vous souhaitez en savoir plus sur nos solutions d’électrification rurale et de développement de solutions numériques à destination de l’Afrique, contactez-nous !

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