La très lente transition du générateur diesel vers l’énergie solaire en Afrique

Les énergies solaires en Afrique peinent à se développer malgré tous leurs avantages. Une des raisons de cette lente transition du générateur diesel vers l’énergie solaire ? Le marché des groupes électrogènes est tout puissant, alimenté par des politiques étatiques de subventionnement du pétrole.

Le vrombissement incessant d’un moteur recouvre le son du film sur la télévision installée dans la cour de l’hôtel. C’est le bruit du générateur thermique qui apporte l’énergie nécessaire à cette petite PME en Afrique.

Dans beaucoup de villages africains, qui n’ont pas accès au réseau électrique, le groupe électrogène est le seul moyen d’avoir de l’électricité. Dans les zones isolées, les générateurs diesel totalisent 95% de la production électrique.

Rappelons que 70 % des Africains ne sont pas connectés au réseau électrique et, quand il existe, il est de très mauvaise qualité engendrant de nombreuses pannes. 

Groupes électrogènes : un marché gigantesque en Afrique

Le marché africain des groupes électrogènes atteint environ 1 milliard d’euros par an, soit environ 90 000 machines, d’après PowerGen Statistics. Au Nigéria, première puissance économique du continent, plus de 90 % des entreprises et de 30 à 50% des foyers nigérians sont équipés de générateurs diesel.

Le marché est atomisé entre des milliers d’acteurs, depuis les grands distributeurs internationaux aux petits acteurs locaux qui vendent des produits de seconde main. Les générateurs rendent l’âme tous les cinq à dix ans. Il faut donc les remplacer et c’est un éternel recommencement. 

Le marché de la maintenance est également une manne financière. Le groupe français CFAO, qui distribue des groupes électrogènes hauts de gamme, consacre un quart de son chiffre d’affaires à la maintenance. 

En sus de l’achat et de la maintenance du générateur, il faut compter l’approvisionnement régulier en combustible, qui coûte cher. Selon McKinsey, le diesel est un des trois premiers postes de dépense pour certaines entreprises de télécommunications.

Entre la maintenance, le renouvellement régulier de l’appareil et le prix de l’essence, s’alimenter en énergie avec un générateur coûte cher. Et c’est sans compter le prix à payer à long terme sur la santé !

Les effets néfastes des générateurs diesel sur la santé

Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), près de 600 000 Africains (essentiellement des femmes et des enfants) meurent chaque année en raison d’inhalation des vapeurs issues de l’utilisation de combustibles pour la cuisson ou l’éclairage. Non seulement les générateurs diesel émettent des gaz à effet de serre qui dérèglent le climat, mais ils ont un impact négatif direct sur la santé.

« Les produits chimiques ou les particules fines contenues dans le diesel aggravent les symptômes de maladies affectant les poumons, le cœur et le système nerveux central. Les effets à long terme des particules de diesel sur la santé comprennent les cancers, l’inflammation des vaisseaux sanguins et les cardiopathies ischémiques. »

Muindi Kanyiva, épidémiologiste et chercheur en pollution atmosphérique au Centre de recherche sur la santé et les populations en Afrique, basé au Kenya.

Malgré ses effets néfastes, l’écosystème – achat, maintenance, pétrole – autour du générateur diesel est si puissant qu’il est difficile de le mettre à mal. Ainsi beaucoup de pays africains sont producteurs de pétrole et font baisser les prix en subventionnant l’essence.

Un homme répare un générateur diesel en Afrique
Un homme répare un générateur diesel en Afrique

Les avantages de l’énergie solaire en Afrique

Les entreprises cherchent toutefois de plus en plus à adopter des énergies renouvelables, telles que le solaire, pour garantir leur alimentation en électricité.

L’énergie solaire représente une solution particulièrement adaptée à la spécificité des besoins de l’Afrique. Sa simplicité de fonctionnement permet une grande rapidité de construction et une facilité de maintenance, y compris dans des environnements isolés.

Selon l’institut Montaigne, un think tank indépendant, l’accès à des kits solaires de plus grande puissance permettrait non seulement un accès immédiat à une première source d’énergie permettant différents usages comme l’éclairage, la recharge de téléphones mobiles ou la télévision, mais aussi l’usage d’appareils nécessitant plus de puissance comme un congélateur, un convertisseur, des ordinateurs portables avec accès Internet 3G.

« L’effet bénéfique immédiat est de déployer des activités génératrices de revenus et ainsi d’avoir un effet levier bénéfique pour le passage d’une économie informelle à la création d’une TPE. »

Institut Montaigne

Les agences énergies Benoo : un modèle économique intéressant pour les investisseurs

L’investissement initial d’un système photovoltaïque est de 4 000 € à 6 000 €. Sans accès aux prêts bancaires, les micro-entreprises africaines ne peuvent pas se permettre un tel investissement. Benoo réalise des études technico-financières qui permettent de conclure ou non à la rentabilité économique d’un projet d’investissement dans des énergies solaires pour des micro-structures.

Après une période de test, le modèle économique des agences énergies mises en place par Benoo au Togo s’avère viable. Elles dégagent suffisamment de chiffre d’affaires pour s’acquitter de la location et la maintenance des équipements solaires, pour dégager un revenu au gérant et, dans certains cas, créer de l’emploi local.

L’exemple du maquis de Notsé, au Togo

Prenons l’exemple d’un maquis à Notsé, au Togo. Haut lieu de la vie sociale africaine, le maquis a des besoins en énergie importants lien vers l’article 5 sur les maquis pour alimenter ses réfrigérateurs, congélateurs, sono, télévision, appareil de recharge des téléphones portable, etc.

D’après les estimations élaborées par Benoo, le maquis de Notsé a besoin d’une puissance énergétique de 3271 Wh par jour, en continu sur le jour et la nuit, pour faire tourner les congélateurs.

Le coût de l’énergie généré par les panneaux solaires est compris entre 0,60 € et 0,87 € par kWh, contre 0,94 € par kWh pour un générateur diesel, en tenant compte de l’ensemble des coûts (achat, maintenance, amortissement de l’appareil, etc.). Dans le cas de ce maquis, non seulement l’énergie solaire est moins chère, mais elle est distribuée sans coupure, elle est propre, silencieuse et non nocive pour la santé.

Une volonté politique est nécessaire pour encourager les énergies propres

La puissance solaire reste anecdotique en Afrique. Les initiatives privées se multiplient pour développer les kits solaires, mais pour l’instant, la puissance solaire reste anecdotique en Afrique. Selon l’Irena (Agence internationale des énergies renouvelables), les installations solaires totalisaient une capacité de production de 4,15 GW (gigawatts) sur toute l’Afrique en 2017, dont plus de la moitié en Afrique du Sud. A comparer aux 8,5 GW de solaire installés en France…

Une réelle volonté politique est donc indispensable pour encourager les énergies vertes et donner un accès à l’électricité à l’ensemble des habitants de l’Afrique. L’arrêt des subventions étatiques permettraient de faire augmenter le coût de l’essence et donc d’affaiblir le marché des générateurs. Le marché de l’énergie solaire pourrait alors vraiment prendre son envol.

 

Si vous êtes intéressé par les projets d’électrification rurale en Afrique de l’Ouest, contactez Benoo

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